2014-12-29
Festival International de la Musique Andalouse et des Musiques Anciennes
La musique de Tlemcen en avant-plan
En marge de la tenue du Festival international de la musique andalouse et des musiques anciennes, une conférence portant
sur «Tlemcen, lieu d’écriture des discours poétiques et des musiques anciennes» a été animée par le professeur Tewfik Benghabrit,
hier matin, à l’Institut supérieur de la musique.
Ala fois musicien et compositeur, Tewfik Benghabrit excelle également dans la musique tlemcénienne, présentant régulièrement des concerts de musique soufie et de poésie de Abi Medyene Choaïb. Avant de commencer sa communication, Tewfik Benghabrit a indiqué qu’il a compris, aujourd’hui, la signification du terme musique dans le dictionnaire stipulant que la musique est l’art de communiquer les sons agréables. «Quand la musique pénètre les âmes, elle ne peut être que belle. J’ai développé cette philosophie que la musique ne pouvait être une acceptation forcée», dit-il. Entrant dans le vif de sa conférence, Tewfik Benghabrit estime que l’écriture de la musique andalouse est à la fois merveilleuse et cohérente. Ce n’est pas un hasard, dit-il, si Tlemcen, cette vieille cité, fut l’habitacle de ce legs ô combien chargé d’histoire.
Il existe une diversité lexicale et une dénomination du terme musique andalouse renvoyant à des références toponymiques diverses tels que l’andalou, le gharnata, essanâa. Le conférencier se pose la question suivante : d’où vient exactement ce lexique ?
Il a fallu attendre l’arrivée du poète Triki au XVIIe siècle pour constater que la musique andalouse s’appelait gharnata. Cette appellation a été reprise par Edmond Nefil en 1940. Au début du XXe siècle, Salah Boukli parle dans son livre de sanâa. Entre le VIIIe et le IXe siècles, la nouba, selon l’ensemble de Ziryab, est composée de plusieurs vers et de rimes différents, mais dont la composition musicale puise dans le même mode tels le zidane, le maya ou encore le mezmoum. Tewfik Benghabrit se demande si à l’époque on l’appelait la nouba. «On a toujours dit que Tlemcen était l’école de Cordoue.
Après la chute de Gordoue en 1236 et celle de Séville en 1249, Tlemcen a commencé à adopter ce genre musical qui, tout en gardant les structures de base, a su subir l’influence des musiques locales et certains parlent de ‘‘maghrébisation’’ de cette musique installée définitivement dans plusieurs villes», explique-t-il. Pour ce spécialiste, nous appelons nouba ce legs transmis de bouche à oreille. Celle-ci a subi des déperditions et des mutations. Ce phénomène est dû souvent à des facteurs multiples, dont les défaillances de la mémoire, l’absence volontaire ou involontaire d’enseignement du savoir aux générations suivantes, à la disparition brutale des maîtres, à l’instabilité des musiciens, à la mauvaise interprétation et à la confusion rythmique dans les trois premiers mouvements de la nouba. Dans le registre des modes, Abdelouahid Al Wancharissi, ayant vécu au XVe siècle évoque sous le terme de «Sadjaret» et «taba’» les modes et ses dérivés. Plus tard, au début du XIXe siècle, on a trouvé une qacida anonyme qu’on attribue au poète Ibn El Chahad, dans laquelle il cite 20 modes.
Pour Tewfik Benghrabit, l’authenticité de la nouba est une question posée : est-ce que la nouba telle qu’elle est exécutée actuellement est celle qui fut structurée par Ziryab et façonnée par Ibn Badju et ses disciples ? «Ce legs anadalou, soutient-il, a subi inévitablement l’influence des genres musicaux qui existaient déjà en Afrique du Nord.» Boumedienne Bensahla reste un personnage spécial. Né vers la fin du XVIIIe siècle, il était à la fois chanteur et compositeur. Il avait une imagination très riche et une grande mémoire. Il est l’auteur de la célèbre chanson Ya dow ayani. Dans cette dernière, on retrouve les 40 strophes, 40 noms de quartiers et 40 noms de femmes. L’une de ses qacidate lui a valu la prison. Le haoufi est un autre genre musical féminin, interprété par un sujet féminin, et ce, sur un rythme libre. La thématique est variée, couvrant un registre qui va de la description des charmes de Tlemcen et de ses environs au récit des amours entre voisins et cousins.
Nacima Chabani
La musique de Tlemcen en avant-plan
En marge de la tenue du Festival international de la musique andalouse et des musiques anciennes, une conférence portant
sur «Tlemcen, lieu d’écriture des discours poétiques et des musiques anciennes» a été animée par le professeur Tewfik Benghabrit,
hier matin, à l’Institut supérieur de la musique.
Ala fois musicien et compositeur, Tewfik Benghabrit excelle également dans la musique tlemcénienne, présentant régulièrement des concerts de musique soufie et de poésie de Abi Medyene Choaïb. Avant de commencer sa communication, Tewfik Benghabrit a indiqué qu’il a compris, aujourd’hui, la signification du terme musique dans le dictionnaire stipulant que la musique est l’art de communiquer les sons agréables. «Quand la musique pénètre les âmes, elle ne peut être que belle. J’ai développé cette philosophie que la musique ne pouvait être une acceptation forcée», dit-il. Entrant dans le vif de sa conférence, Tewfik Benghabrit estime que l’écriture de la musique andalouse est à la fois merveilleuse et cohérente. Ce n’est pas un hasard, dit-il, si Tlemcen, cette vieille cité, fut l’habitacle de ce legs ô combien chargé d’histoire.
Il existe une diversité lexicale et une dénomination du terme musique andalouse renvoyant à des références toponymiques diverses tels que l’andalou, le gharnata, essanâa. Le conférencier se pose la question suivante : d’où vient exactement ce lexique ?
Il a fallu attendre l’arrivée du poète Triki au XVIIe siècle pour constater que la musique andalouse s’appelait gharnata. Cette appellation a été reprise par Edmond Nefil en 1940. Au début du XXe siècle, Salah Boukli parle dans son livre de sanâa. Entre le VIIIe et le IXe siècles, la nouba, selon l’ensemble de Ziryab, est composée de plusieurs vers et de rimes différents, mais dont la composition musicale puise dans le même mode tels le zidane, le maya ou encore le mezmoum. Tewfik Benghabrit se demande si à l’époque on l’appelait la nouba. «On a toujours dit que Tlemcen était l’école de Cordoue.
Après la chute de Gordoue en 1236 et celle de Séville en 1249, Tlemcen a commencé à adopter ce genre musical qui, tout en gardant les structures de base, a su subir l’influence des musiques locales et certains parlent de ‘‘maghrébisation’’ de cette musique installée définitivement dans plusieurs villes», explique-t-il. Pour ce spécialiste, nous appelons nouba ce legs transmis de bouche à oreille. Celle-ci a subi des déperditions et des mutations. Ce phénomène est dû souvent à des facteurs multiples, dont les défaillances de la mémoire, l’absence volontaire ou involontaire d’enseignement du savoir aux générations suivantes, à la disparition brutale des maîtres, à l’instabilité des musiciens, à la mauvaise interprétation et à la confusion rythmique dans les trois premiers mouvements de la nouba. Dans le registre des modes, Abdelouahid Al Wancharissi, ayant vécu au XVe siècle évoque sous le terme de «Sadjaret» et «taba’» les modes et ses dérivés. Plus tard, au début du XIXe siècle, on a trouvé une qacida anonyme qu’on attribue au poète Ibn El Chahad, dans laquelle il cite 20 modes.
Pour Tewfik Benghrabit, l’authenticité de la nouba est une question posée : est-ce que la nouba telle qu’elle est exécutée actuellement est celle qui fut structurée par Ziryab et façonnée par Ibn Badju et ses disciples ? «Ce legs anadalou, soutient-il, a subi inévitablement l’influence des genres musicaux qui existaient déjà en Afrique du Nord.» Boumedienne Bensahla reste un personnage spécial. Né vers la fin du XVIIIe siècle, il était à la fois chanteur et compositeur. Il avait une imagination très riche et une grande mémoire. Il est l’auteur de la célèbre chanson Ya dow ayani. Dans cette dernière, on retrouve les 40 strophes, 40 noms de quartiers et 40 noms de femmes. L’une de ses qacidate lui a valu la prison. Le haoufi est un autre genre musical féminin, interprété par un sujet féminin, et ce, sur un rythme libre. La thématique est variée, couvrant un registre qui va de la description des charmes de Tlemcen et de ses environs au récit des amours entre voisins et cousins.
Nacima Chabani
Nacima Chabani El Watan