2011-06-04
Nos ancêtres ont utilisé plusieurs supports d’écriture pour conserver et léguer leurs connaissances : tablettes d’argile, largement utilisées en Mésopotamie, papier de papyrus, fabriqué par les anciens Egyptiens, le volumen et le codex en parchemin. Ce furent presque les seuls supports des copistes de l’Antiquité jusqu’à l’apparition du papier en Chine.
A partir du VIIIe siècle, la diffusion de ce support par les Arabes et le développement de son industrie marquèrent un tournant dans l’histoire des sciences. Grâce à un prix abordable par rapport au papyrus et au parchemin, le papier a en effet permis une plus grande production scientifique. C’est ainsi que l’éminent astronome Al Biruni (m. 1048), qui vivait en Asie centrale, écrivait régulièrement et échangeait certains de ses livres avec Abu Al Wafa, qui habitait à Baghdad. Tous deux ont même réussi à mettre sur pied un programme de mesures qui devait être exécuté, dans chacune des deux villes, à l’occasion d’une éclipse. L’utilisation du papier par les Arabes a donc fortement stimulé la dynamique scientifique. La démocratisation de l’utilisation du papier a aussi permis la multiplication des bibliothèques et la circulation des manuscrits. Les manuscrits précieux, souvent copiés et recopiés à plusieurs reprises, sont aujourd’hui conservés dans les bibliothèques privées ou publiques.
En 1040, la Bibliothèque du Caire comptait à elle seule 6000 manuscrits de mathématiques et d’astronomie, en plus de deux globes célestes, l’un fabriqué par Ptolémée et l’autre par Al Sufi. On estime qu’environ quatre millions d’écrits arabes sont conservés dans les bibliothèques du monde entier. De plus, un même manuscrit peut contenir plusieurs textes indépendants. Toutefois, cela ne représente qu’une modeste partie de ce qui a été réellement produit par les Arabes, car beaucoup d’œuvres importantes en astronomie, et parfois citées par plusieurs bibliographes, sont considérées comme perdues. C’est le cas du commentaire de l’Almageste de Ptolémée (IIe siècle), dû à l’astronome de Ceuta, Ibn Hillal (XIVe siècle). Celui-ci a même mesuré l’obliquité de l’écliptique, mais malheureusement aucun de ses écrits ne nous est parvenu. C’est le cas également du zij (voir ci-après) de l’astrologue de Kairouan Albohazen (m. 1040) ou de l’original en langue arabe des Tables tolédanes composées par l’illustre astronome andalou Arzachel (1028-1087). Fort heureusement, ces dernières ont été traduites et adaptées même aux méridiens de nombreuses villes européennes comme Londres, Marseille, Paris, Pise, Toulouse… Quels étaient, à l’époque médiévale, les textes mathématiques et astronomiques fondamentaux qui circulaient dans l’Occident musulman ? En astronomie, citons l’Almageste de Ptolémée et le Siddhanta attribué au mathématicien et astronome indien Brahmagupta (598-670). (…) Notons que c’est à Tolède, au cours du XIIe siècle, qu’ont été traduits de l’arabe au latin les principaux textes d’astronomie : l’Almageste de Ptolémée, par Gérard de Crémone (1114-1187), vers 1175.
On y compte aussi : Les Eléments d’astronomie d’Alfraganus, un abrégé non mathématique de l’astronomie de Ptolémée, traduit par John de Séville au début du XIIe siècle et, un peu plus tard, par Gérard de Crémone ; Le Livre de la cosmologie d’Alpetragius traduit par Michael Scot en 1217. Ces traductions sont aussi une confirmation de la présence de tous ces ouvrages en Occident musulman. C’est dans ce foisonnement scientifique sans précédent que se développèrent de riches collections de manuscrits dans les grands centres urbains comme Bougie (Béjaïa), Cordoue, Kairouan, Tolède, Tunis… Les collections les plus importantes furent fondées et entretenues par les princes eux-mêmes, soit dans les palais, soit dans les grandes mosquées. L’une des plus importantes est la bibliothèque royale de Bougie qui contient des livres rapportés des contrées les plus lointaines. Un autre exemple, non moins important, est la collection de 36 000 volumes rassemblés par le prince de Tunis, Abu Zakaria (m. 1249). Gustave Le Bon précise dans son ouvrage La Civilisation des Arabes (1884) que rien qu’en Espagne, il y avait 70 bibliothèques publiques. Celle du khalife Al Hakem II, à Cordoue, contenait, d'après les auteurs arabes, 600 000 volumes, dont 44 pour le catalogue seulement ! Après la chute de la dernière ville andalouse (Grenade), en 1492, de nombreux manuscrits semblent avoir été récupérés par les princes du Maghreb.
Le célèbre voyageur du XVIe siècle, connu sous le nom de Léon l’Africain, a rencontré, à Alger, un émissaire qui a acheté à Jativa près de 3000 manuscrits.
Les collections de manuscrits du Maghreb se trouvent aujourd’hui dans les bibliothèques publiques, les fonds d’instituts d’enseignements traditionnels et des collections privées. Les grandes bibliothèques publiques possèdent des manuscrits qui couvrent plusieurs disciplines du savoir : religion, théologie, mathématiques, astronomie… La Bibliothèque nationale de Tunisie comprend 22 845 volumes manuscrits (près de 40 000 titres), le fonds manuscrit de la Bibliothèque générale et archives du Maroc, à Rabat, se compose de 12 000 volumes renfermant plus de 30 000 titres, la Bibliothèque royale de Rabat renferme 11 000 manuscrits et enfin, la Bibliothèque nationale d’Alger conserve environ 6000 manuscrits. Les instituts d’enseignements traditionnels sont principalement les zaouias et les mosquées. L’un des fonds les plus importants est celui de la bibliothèque Al Qarawiyin à Fès, qui dispose actuellement de 6000 manuscrits. Citons également la bibliothèque Al Qassimiya de la zaouia d’Al Hamil, située à 250 km au sud d’Alger et qui dispose, sur uniquement 800 traités répertoriés, de 13 ouvrages d’astronomie. Certaines familles possèdent également des collections de manuscrits héritées de leurs aïeux, souvent d’une valeur inestimable. C’est le cas de la Khizana de Cheikh Lmuhub, découverte par le Gehimab (Groupe d’études sur l’histoire des mathématiques à Bougie médiévale) en 1994. Sur les 300 ouvrages conservés dans cette bibliothèque, plus d’une vingtaine concernent l’astronomie. N’ayant jamais été l’objet d’un réel intérêt, la majorité des manuscrits en question sont mal conservés et n’ont, à l’heure actuelle, jamais été totalement recensés.
De plus, peu ont bénéficié d’un traitement pouvant les empêcher de se détériorer. Les anciens avaient besoin de suivre le mouvement des astres pour fonder, sur leurs positions, les prédictions de l’astrologie judiciaire. D’où la nécessité de disposer de tables permettant de calculer la position du Soleil, de la Lune et des cinq planètes alors connues. Les manuels d’astronomie, dotés de telles tables, sont connus sous le nom générique de zij. Le zij d’Ibn Ishaq, de Tunis (XIIIe siècle), est le premier d’une série de travaux astronomiques maghrébins de ce type, où l’influence de l’œuvre de l’astronome de Tolède Al Zarqali (Arzachel) est manifeste. Selon Ibn Khaldun, Ibn Ishaq se fonda sur l’observation pour composer ses tables, et il y avait en Sicile un juif très versé dans l’astronomie et les mathématiques qui s’occupait à faire des observations, lui communiquant les résultats exacts qu’il obtenait, relatifs aux mouvements des astres et à tout ce qui les concernait. Plus tard, Ibn Al Banna (1256-1321), de Marrakech, résuma ce zij dans un livre qu’il appela Al Minhaj (le grand chemin). Les nombreuses copies manuscrites de cet ouvrage, conservées actuellement, montrent qu’il était très populaire. La bibliothèque Al Hasaniyya, au Maroc, en détient, à elle, seule six copies. (…). Ibn Al-Raqqam (m. 1315), contemporain d’Ibn Al Banna, a rédigé, quant à lui, trois versions du zij d’Ibn Ishaq. Une copie de son Zij Al Mustawfi (les tables complètes) et une autre de son Zij Al Qawim (les tables correctes) sont conservées à la Bibliothèque générale de Rabat, respectivement, sous les numéros 2461 et 260. Au cours de la première moitié du XIVe siècle, l’astrologue Ibn Azzuz (m. 1354), descendant de la famille des princes hammadides, les Alanas, découvre un désaccord entre la date réelle d’un événement historique et la date calculée en utilisant une technique appelée tasyir. Ainsi, pour corriger les paramètres du zij d’Ibn Ishaq, il réalise des observations en 1344, en utilisant une sphère armillaire. Ibn Azzuz est l’auteur de nombreux ouvrages. Des fragments de son œuvre sont conservés dans les bibliothèques de Rabat.
L’astronomie maghrébine se caractérise par de nombreux textes poétiques, plus faciles à mémoriser que les textes ordinaires. Ils contenaient les règles de base concernant les calendriers, la détermination des instants des prières, l’orientation des lieux de culte, etc. Mais le recours à l’astronomie était nécessaire, et l’on remarque, par exemple, que les moments des cinq prières sont en relation directe avec la hauteur du Soleil, variant selon la latitude du lieu et la déclinaison entre le Soleil et l’équateur céleste.
Au Maghreb, les poèmes les plus répandus sont ceux d’Abi Miqra’ (v. 1331), de l’astronome de Biskra Al-Akhdari et du Marocain Al Jadiri (1375-1416). Ces poèmes vont motiver de nombreux commentateurs. Les manuscrits les plus répandus sont ceux du Marocain As Sussi (m. 1679) et de l’astronome algérien Al-Wansharissi (v. 1607). Malheureusement, ces traités vont contribuer à la stagnation des activités astronomiques, même si certains auteurs ont rédigé des ouvrages sur la science des temps qui ne sont ni des commentaires ni des abrégés d’ouvrages antérieurs. C’est le cas de l’astronome Abu Al Hassan, de Bougie (v. 1384). Deux copies de son traité intitulé Le Guide du débutant et le rappel du connaisseur dans la connaissance des instants par le calcul sont conservées à Rabat. Un autre ouvrage du même genre, mais moins détaillé, est rédigé par l’astronome marocain Ibn Al Banna (1256-1321).
L’astrolabe est un instrument astronomique construit par la projection du ciel sur un plan. Le plus populaire est le planisphérique, réalisé par la projection de la sphère céleste sur le plan de l’équateur. Ce type d’instrument permet de déterminer, par la position des astres, l’heure de la nuit, celles du lever et du coucher du Soleil, l’orientation, etc. Il était également utile aux astrologues. Les Arabes ont composé plusieurs traités sur les astrolabes, l’un des plus répandus au Maghreb étant le poème de l’astronome de Tlemcen Al-Habbak (m. 1463). Il s’inscrit dans la tradition de versification de l’astronomie qui a débuté bien avant lui. Plusieurs copies de ce poème sont conservées actuellement à Rabat et à Alger. Plus tard, un de ses élèves et compatriote, As Sanussi (1426-1490), en rédigera un commentaire explicatif qui deviendra une véritable référence dans ce domaine. Les nombreuses copies conservées dans les bibliothèques de Tunis, Alger et Rabat le prouvent.
Un autre type d’instrument était également utilisé : le quadrant astronomique. Il se présente sous la forme d’un quart de cercle et est plus facile à réaliser que l’astrolabe planisphérique ; on peut même le fabriquer en bois. Les traités les plus répandus au Maghreb sur ce type d’instrument ont pour auteur un astronome syrien nommé Sibt Al-Maridini (1423-1495). En effet, des dizaines de traités de cet astronome sont conservés rien que dans les bibliothèques de Rabat et de Tunis.
A partir du VIIIe siècle, la diffusion de ce support par les Arabes et le développement de son industrie marquèrent un tournant dans l’histoire des sciences. Grâce à un prix abordable par rapport au papyrus et au parchemin, le papier a en effet permis une plus grande production scientifique. C’est ainsi que l’éminent astronome Al Biruni (m. 1048), qui vivait en Asie centrale, écrivait régulièrement et échangeait certains de ses livres avec Abu Al Wafa, qui habitait à Baghdad. Tous deux ont même réussi à mettre sur pied un programme de mesures qui devait être exécuté, dans chacune des deux villes, à l’occasion d’une éclipse. L’utilisation du papier par les Arabes a donc fortement stimulé la dynamique scientifique. La démocratisation de l’utilisation du papier a aussi permis la multiplication des bibliothèques et la circulation des manuscrits. Les manuscrits précieux, souvent copiés et recopiés à plusieurs reprises, sont aujourd’hui conservés dans les bibliothèques privées ou publiques.
En 1040, la Bibliothèque du Caire comptait à elle seule 6000 manuscrits de mathématiques et d’astronomie, en plus de deux globes célestes, l’un fabriqué par Ptolémée et l’autre par Al Sufi. On estime qu’environ quatre millions d’écrits arabes sont conservés dans les bibliothèques du monde entier. De plus, un même manuscrit peut contenir plusieurs textes indépendants. Toutefois, cela ne représente qu’une modeste partie de ce qui a été réellement produit par les Arabes, car beaucoup d’œuvres importantes en astronomie, et parfois citées par plusieurs bibliographes, sont considérées comme perdues. C’est le cas du commentaire de l’Almageste de Ptolémée (IIe siècle), dû à l’astronome de Ceuta, Ibn Hillal (XIVe siècle). Celui-ci a même mesuré l’obliquité de l’écliptique, mais malheureusement aucun de ses écrits ne nous est parvenu. C’est le cas également du zij (voir ci-après) de l’astrologue de Kairouan Albohazen (m. 1040) ou de l’original en langue arabe des Tables tolédanes composées par l’illustre astronome andalou Arzachel (1028-1087). Fort heureusement, ces dernières ont été traduites et adaptées même aux méridiens de nombreuses villes européennes comme Londres, Marseille, Paris, Pise, Toulouse… Quels étaient, à l’époque médiévale, les textes mathématiques et astronomiques fondamentaux qui circulaient dans l’Occident musulman ? En astronomie, citons l’Almageste de Ptolémée et le Siddhanta attribué au mathématicien et astronome indien Brahmagupta (598-670). (…) Notons que c’est à Tolède, au cours du XIIe siècle, qu’ont été traduits de l’arabe au latin les principaux textes d’astronomie : l’Almageste de Ptolémée, par Gérard de Crémone (1114-1187), vers 1175.
On y compte aussi : Les Eléments d’astronomie d’Alfraganus, un abrégé non mathématique de l’astronomie de Ptolémée, traduit par John de Séville au début du XIIe siècle et, un peu plus tard, par Gérard de Crémone ; Le Livre de la cosmologie d’Alpetragius traduit par Michael Scot en 1217. Ces traductions sont aussi une confirmation de la présence de tous ces ouvrages en Occident musulman. C’est dans ce foisonnement scientifique sans précédent que se développèrent de riches collections de manuscrits dans les grands centres urbains comme Bougie (Béjaïa), Cordoue, Kairouan, Tolède, Tunis… Les collections les plus importantes furent fondées et entretenues par les princes eux-mêmes, soit dans les palais, soit dans les grandes mosquées. L’une des plus importantes est la bibliothèque royale de Bougie qui contient des livres rapportés des contrées les plus lointaines. Un autre exemple, non moins important, est la collection de 36 000 volumes rassemblés par le prince de Tunis, Abu Zakaria (m. 1249). Gustave Le Bon précise dans son ouvrage La Civilisation des Arabes (1884) que rien qu’en Espagne, il y avait 70 bibliothèques publiques. Celle du khalife Al Hakem II, à Cordoue, contenait, d'après les auteurs arabes, 600 000 volumes, dont 44 pour le catalogue seulement ! Après la chute de la dernière ville andalouse (Grenade), en 1492, de nombreux manuscrits semblent avoir été récupérés par les princes du Maghreb.
Le célèbre voyageur du XVIe siècle, connu sous le nom de Léon l’Africain, a rencontré, à Alger, un émissaire qui a acheté à Jativa près de 3000 manuscrits.
Les collections de manuscrits du Maghreb se trouvent aujourd’hui dans les bibliothèques publiques, les fonds d’instituts d’enseignements traditionnels et des collections privées. Les grandes bibliothèques publiques possèdent des manuscrits qui couvrent plusieurs disciplines du savoir : religion, théologie, mathématiques, astronomie… La Bibliothèque nationale de Tunisie comprend 22 845 volumes manuscrits (près de 40 000 titres), le fonds manuscrit de la Bibliothèque générale et archives du Maroc, à Rabat, se compose de 12 000 volumes renfermant plus de 30 000 titres, la Bibliothèque royale de Rabat renferme 11 000 manuscrits et enfin, la Bibliothèque nationale d’Alger conserve environ 6000 manuscrits. Les instituts d’enseignements traditionnels sont principalement les zaouias et les mosquées. L’un des fonds les plus importants est celui de la bibliothèque Al Qarawiyin à Fès, qui dispose actuellement de 6000 manuscrits. Citons également la bibliothèque Al Qassimiya de la zaouia d’Al Hamil, située à 250 km au sud d’Alger et qui dispose, sur uniquement 800 traités répertoriés, de 13 ouvrages d’astronomie. Certaines familles possèdent également des collections de manuscrits héritées de leurs aïeux, souvent d’une valeur inestimable. C’est le cas de la Khizana de Cheikh Lmuhub, découverte par le Gehimab (Groupe d’études sur l’histoire des mathématiques à Bougie médiévale) en 1994. Sur les 300 ouvrages conservés dans cette bibliothèque, plus d’une vingtaine concernent l’astronomie. N’ayant jamais été l’objet d’un réel intérêt, la majorité des manuscrits en question sont mal conservés et n’ont, à l’heure actuelle, jamais été totalement recensés.
De plus, peu ont bénéficié d’un traitement pouvant les empêcher de se détériorer. Les anciens avaient besoin de suivre le mouvement des astres pour fonder, sur leurs positions, les prédictions de l’astrologie judiciaire. D’où la nécessité de disposer de tables permettant de calculer la position du Soleil, de la Lune et des cinq planètes alors connues. Les manuels d’astronomie, dotés de telles tables, sont connus sous le nom générique de zij. Le zij d’Ibn Ishaq, de Tunis (XIIIe siècle), est le premier d’une série de travaux astronomiques maghrébins de ce type, où l’influence de l’œuvre de l’astronome de Tolède Al Zarqali (Arzachel) est manifeste. Selon Ibn Khaldun, Ibn Ishaq se fonda sur l’observation pour composer ses tables, et il y avait en Sicile un juif très versé dans l’astronomie et les mathématiques qui s’occupait à faire des observations, lui communiquant les résultats exacts qu’il obtenait, relatifs aux mouvements des astres et à tout ce qui les concernait. Plus tard, Ibn Al Banna (1256-1321), de Marrakech, résuma ce zij dans un livre qu’il appela Al Minhaj (le grand chemin). Les nombreuses copies manuscrites de cet ouvrage, conservées actuellement, montrent qu’il était très populaire. La bibliothèque Al Hasaniyya, au Maroc, en détient, à elle, seule six copies. (…). Ibn Al-Raqqam (m. 1315), contemporain d’Ibn Al Banna, a rédigé, quant à lui, trois versions du zij d’Ibn Ishaq. Une copie de son Zij Al Mustawfi (les tables complètes) et une autre de son Zij Al Qawim (les tables correctes) sont conservées à la Bibliothèque générale de Rabat, respectivement, sous les numéros 2461 et 260. Au cours de la première moitié du XIVe siècle, l’astrologue Ibn Azzuz (m. 1354), descendant de la famille des princes hammadides, les Alanas, découvre un désaccord entre la date réelle d’un événement historique et la date calculée en utilisant une technique appelée tasyir. Ainsi, pour corriger les paramètres du zij d’Ibn Ishaq, il réalise des observations en 1344, en utilisant une sphère armillaire. Ibn Azzuz est l’auteur de nombreux ouvrages. Des fragments de son œuvre sont conservés dans les bibliothèques de Rabat.
L’astronomie maghrébine se caractérise par de nombreux textes poétiques, plus faciles à mémoriser que les textes ordinaires. Ils contenaient les règles de base concernant les calendriers, la détermination des instants des prières, l’orientation des lieux de culte, etc. Mais le recours à l’astronomie était nécessaire, et l’on remarque, par exemple, que les moments des cinq prières sont en relation directe avec la hauteur du Soleil, variant selon la latitude du lieu et la déclinaison entre le Soleil et l’équateur céleste.
Au Maghreb, les poèmes les plus répandus sont ceux d’Abi Miqra’ (v. 1331), de l’astronome de Biskra Al-Akhdari et du Marocain Al Jadiri (1375-1416). Ces poèmes vont motiver de nombreux commentateurs. Les manuscrits les plus répandus sont ceux du Marocain As Sussi (m. 1679) et de l’astronome algérien Al-Wansharissi (v. 1607). Malheureusement, ces traités vont contribuer à la stagnation des activités astronomiques, même si certains auteurs ont rédigé des ouvrages sur la science des temps qui ne sont ni des commentaires ni des abrégés d’ouvrages antérieurs. C’est le cas de l’astronome Abu Al Hassan, de Bougie (v. 1384). Deux copies de son traité intitulé Le Guide du débutant et le rappel du connaisseur dans la connaissance des instants par le calcul sont conservées à Rabat. Un autre ouvrage du même genre, mais moins détaillé, est rédigé par l’astronome marocain Ibn Al Banna (1256-1321).
L’astrolabe est un instrument astronomique construit par la projection du ciel sur un plan. Le plus populaire est le planisphérique, réalisé par la projection de la sphère céleste sur le plan de l’équateur. Ce type d’instrument permet de déterminer, par la position des astres, l’heure de la nuit, celles du lever et du coucher du Soleil, l’orientation, etc. Il était également utile aux astrologues. Les Arabes ont composé plusieurs traités sur les astrolabes, l’un des plus répandus au Maghreb étant le poème de l’astronome de Tlemcen Al-Habbak (m. 1463). Il s’inscrit dans la tradition de versification de l’astronomie qui a débuté bien avant lui. Plusieurs copies de ce poème sont conservées actuellement à Rabat et à Alger. Plus tard, un de ses élèves et compatriote, As Sanussi (1426-1490), en rédigera un commentaire explicatif qui deviendra une véritable référence dans ce domaine. Les nombreuses copies conservées dans les bibliothèques de Tunis, Alger et Rabat le prouvent.
Un autre type d’instrument était également utilisé : le quadrant astronomique. Il se présente sous la forme d’un quart de cercle et est plus facile à réaliser que l’astrolabe planisphérique ; on peut même le fabriquer en bois. Les traités les plus répandus au Maghreb sur ce type d’instrument ont pour auteur un astronome syrien nommé Sibt Al-Maridini (1423-1495). En effet, des dizaines de traités de cet astronome sont conservés rien que dans les bibliothèques de Rabat et de Tunis.
Réda Bekli, Pr Djamil Aïssani, Ilhem Cha EL Watan