2011-02-17
Après une matinée calme, la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011» a animé la ville mardi dernier en fin de journée de après que la ministre de la Culture, Khalida Toumi, eut donné le top départ depuis la place d’El Mechouar d’où à démarré une parade des groupes folkloriques de différentes régions du pays. Malgré un temps pluvieux, une foule dense a assisté à cette cérémonie où l’absence du premier responsable de la wilaya, le wali de Tlemcen, n’est pas passée inaperçue. Bien au contraire, cette absence du chef de l’exécutif a nourri les débats et les supputations.Lors d’un point de presse animée à Sidi Boumediene, la ministre de la Culture, après avoir rappelé toute l’importance de cet événement tant attendu, affirmera que le dialogue des cultures et des civilisations ne se résume pas à des considérations génériques. Mais il s’agit d’un moyen de rapprochement des pensées différentes, des habitudes et des comportements particuliers. Donc, c’est un instrument politique rédempteur qui comble les trous béants de l’ignorance, de l’égoïsme et de l’injustice. Il englobe, dans un jeu interdépendant et complexe, les groupes sociaux, les organisations et les institutions. Dans le vrai dialogue, il doit y avoir la convergence, le partage des valeurs communes, l’enrichissement et la fécondation réciproque des cultures et des civilisations pour réaliser le meilleur de l’homme afin de se projeter dans un avenir prospère.
Lors de sa présence à Tlemcen, Mme Toumi a inauguré la première exposition qui se tient à la maison de la culture Abdelkader Alloula. Cette exposition renferme les éléments essentiels qui rappellent l’histoire de Tlemcen, et ce, à travers certains objets appartenant au musée comme le costume traditionnel et autres pièces de grande valeur qui témoignent du passage de grandes civilisations dans cette cité qu’on avait surnommée «la Perle du Maghreb arabe».
Un passé florissant à revisiter
En effet, en ces temps passés, Tlemcen était un centre de savoir en sciences et en arts qui a drainé des vagues d’étudiants et de savants. Nul ne peut aujourd’hui énumérer tous les hommes de science et de savoir qui y ont vécu à une époque ou à une autre, ou sont simplement passés en allant vers les grands centres de la science et d’érudition ou encore qui y ont séjourné un certain temps, ont enseigné dans ses écoles et donné des conférences dans ses mosquées. Au cours des siècles, cette ville est restée un palais de la culture arabe authentique et un champ fertile pour l’innovation en général et la littérature en particulier. Lorsque cette ville est évoquée, des noms qui se sont inscrits dans l’histoire littéraire viennent à l’esprit comme Ibn Khamis, les fils de l’imam, Almarazeka, Almakarieen, Al Okbanieen, cheikh al-Sanoussi, Sidi Boumediene, Yahia Ibn Khaldoun, Majaoi, Ibn Abi Hajlah, Sharif Alawi et son fils, Ibn Yekhlef, Almasmoudi, Ibn Makhlouf, Ibn Meriem, etc.Cette manifestation, dont l’organisation du premier colloque sur l’histoire de Tlemcen aura lieu les 20, 21 et 22 février, compte également plusieurs autres rencontres et expositions qui montreront le rôle grandiose qu’a joué cette métropole depuis des siècles, notamment durant les conquêtes musulmanes au cours desquelles beaucoup de cités furent édifiées, telles El Kaïraouan, Tihert, Fès, Qortoba (Cordoue), El Mahdia, Tlemcen, Béjaïa et bien d’autres. Et parmi ces cités magrébines, certaines devinrent de vrais centres de rayonnement de religion et de savoir, vers les régions lointaines du Sahel. Tlemcen a ainsi contribué à l’épanouissement de la civilisation musulmane et elle fut l’une des plus importantes cités du Maghreb islamique, surtout durant la période zianide, qui a attiré des oulémas et des savants qui ont transmis le savoir dans d’autres régions de l’Afrique du Centre et en Occident.La ville était aussi le point de départ des caravanes commerciales qui partaient vers les pays du Sahel. Ces caravanes ne transportaient pas uniquement des marchandises mais aussi des savants qui portaient le message de l’Islam, les traditions et les coutumes islamiques. C’est ainsi que la religion musulmane s’est propagée dans les sociétés africaines.
La manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011» est également une occasion de mettre en lumière le géant de la littérature algérienne d’expression française, Mohamed Dib, qui sera au centre d’un colloque. Il est également prévu l’instauration du prix Mohamed Dib aux autres langues en usage dans notre pays, afin d’encourager le voyage dans (et entre) les langues qui
structurent les pratiques d’écriture littéraire en Algérie et, plus largement, au Maghreb. Le voyage qui prendra appui sur l’exemple topique du travail de Mohamed Dib peut s’organiser en empruntant les diverses voies que sillonnent les écrivains algériens et maghrébins. Cette rencontre vise à ouvrir une réflexion sur le texte dibien (maghrébin) de langue française avec des écrivains, des critiques littéraires, des traducteurs et des chercheurs universitaires. La «traduction en marche» sera aussi en débat à travers une analyse d’effets de réalité produits par l’invention de cette «bi-langue» que proposeront des écrivains dans deux ou plusieurs langues. Incidences de l’option linguistique sur le processus d’écriture ; les pratiques de traduction de la littérature algérienne (maghrébine) : étude de cas concrets et propositions pour une critique de la «politique» de traduction sont les autres thèmes inscrits au programme de la rencontre.
Un livre ouvert sur l’histoire
Tlemcen sera aussi une scène pour la poésie et la musique andalouse. Et une station pour une rencontre internationale sur les routes de la foi et le soufisme. Cette rencontre tentera d’expliquer les rapports entre le relatif et l’absolu, le temporel et le spirituel… Le soufisme prêche des voies qui transcendent le simple devoir moral ou religieux ; des voies de la foi qui invitent l’homme à vivre l’intime expérience de la présence divine afin d’atteindre l’équilibre entre le corps et l’esprit pour s’épanouir grâce au cheminement de la sagesse, de la connaissance, de l’amour et tant d’autres valeurs transmises de génération en génération au sein de la perpétuelle tradition soufie. Ainsi, le soufisme prône la voie du juste milieu entre le modèle religieux en société, incarnant les valeurs morales dans tous les domaines de la vie sociale et spirituelle. Il reflète la vérité absolue à travers la connaissance ésotérique dans une parfaite communion avec les signes et les subtilités de l’univers. Il existe un lien très fort entre l’ésotérisme de la tarîqa et l’exotérisme de la medersa ou la doctrine religieuse (madhab), voire un lieu de ressourcement : c’est celui d’al Kitab (Le Saint Coran) et de la Sunna
(la Tradition du prophète).Les Tlémceniens pourront également redécouvrir les penseurs et savants de la cité qui a su préserver un très riche patrimoine matériel et immatériel jusqu’à nos jours, et ce, malgré l’impitoyable conquête coloniale française. D’éminents savants et penseurs ont foulé le sol de Tlemcen et y ont laissé leurs empreintes dans d’innombrables écoles, mosquées, médersa, édifiés pour la diffusion du savoir et de la science, produisant ainsi plusieurs précieux ouvrages dans tous les domaines, de la vie sociale, politique et culturelle de la région. Parmi les savants et autres philosophes, théologiens et historiens, l’on cite El Okbani, Ibn Marzouk, cheikh Senouci, El Meghili, Ibn Zaghou...Au final, «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011» sera un livre ouvert sur l’histoire de cette ville et ses artisans et permettra à la cité de reconquérir son titre de «ville d’art et d’histoire».
Lors de sa présence à Tlemcen, Mme Toumi a inauguré la première exposition qui se tient à la maison de la culture Abdelkader Alloula. Cette exposition renferme les éléments essentiels qui rappellent l’histoire de Tlemcen, et ce, à travers certains objets appartenant au musée comme le costume traditionnel et autres pièces de grande valeur qui témoignent du passage de grandes civilisations dans cette cité qu’on avait surnommée «la Perle du Maghreb arabe».
Un passé florissant à revisiter
En effet, en ces temps passés, Tlemcen était un centre de savoir en sciences et en arts qui a drainé des vagues d’étudiants et de savants. Nul ne peut aujourd’hui énumérer tous les hommes de science et de savoir qui y ont vécu à une époque ou à une autre, ou sont simplement passés en allant vers les grands centres de la science et d’érudition ou encore qui y ont séjourné un certain temps, ont enseigné dans ses écoles et donné des conférences dans ses mosquées. Au cours des siècles, cette ville est restée un palais de la culture arabe authentique et un champ fertile pour l’innovation en général et la littérature en particulier. Lorsque cette ville est évoquée, des noms qui se sont inscrits dans l’histoire littéraire viennent à l’esprit comme Ibn Khamis, les fils de l’imam, Almarazeka, Almakarieen, Al Okbanieen, cheikh al-Sanoussi, Sidi Boumediene, Yahia Ibn Khaldoun, Majaoi, Ibn Abi Hajlah, Sharif Alawi et son fils, Ibn Yekhlef, Almasmoudi, Ibn Makhlouf, Ibn Meriem, etc.Cette manifestation, dont l’organisation du premier colloque sur l’histoire de Tlemcen aura lieu les 20, 21 et 22 février, compte également plusieurs autres rencontres et expositions qui montreront le rôle grandiose qu’a joué cette métropole depuis des siècles, notamment durant les conquêtes musulmanes au cours desquelles beaucoup de cités furent édifiées, telles El Kaïraouan, Tihert, Fès, Qortoba (Cordoue), El Mahdia, Tlemcen, Béjaïa et bien d’autres. Et parmi ces cités magrébines, certaines devinrent de vrais centres de rayonnement de religion et de savoir, vers les régions lointaines du Sahel. Tlemcen a ainsi contribué à l’épanouissement de la civilisation musulmane et elle fut l’une des plus importantes cités du Maghreb islamique, surtout durant la période zianide, qui a attiré des oulémas et des savants qui ont transmis le savoir dans d’autres régions de l’Afrique du Centre et en Occident.La ville était aussi le point de départ des caravanes commerciales qui partaient vers les pays du Sahel. Ces caravanes ne transportaient pas uniquement des marchandises mais aussi des savants qui portaient le message de l’Islam, les traditions et les coutumes islamiques. C’est ainsi que la religion musulmane s’est propagée dans les sociétés africaines.
La manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011» est également une occasion de mettre en lumière le géant de la littérature algérienne d’expression française, Mohamed Dib, qui sera au centre d’un colloque. Il est également prévu l’instauration du prix Mohamed Dib aux autres langues en usage dans notre pays, afin d’encourager le voyage dans (et entre) les langues qui
structurent les pratiques d’écriture littéraire en Algérie et, plus largement, au Maghreb. Le voyage qui prendra appui sur l’exemple topique du travail de Mohamed Dib peut s’organiser en empruntant les diverses voies que sillonnent les écrivains algériens et maghrébins. Cette rencontre vise à ouvrir une réflexion sur le texte dibien (maghrébin) de langue française avec des écrivains, des critiques littéraires, des traducteurs et des chercheurs universitaires. La «traduction en marche» sera aussi en débat à travers une analyse d’effets de réalité produits par l’invention de cette «bi-langue» que proposeront des écrivains dans deux ou plusieurs langues. Incidences de l’option linguistique sur le processus d’écriture ; les pratiques de traduction de la littérature algérienne (maghrébine) : étude de cas concrets et propositions pour une critique de la «politique» de traduction sont les autres thèmes inscrits au programme de la rencontre.
Un livre ouvert sur l’histoire
Tlemcen sera aussi une scène pour la poésie et la musique andalouse. Et une station pour une rencontre internationale sur les routes de la foi et le soufisme. Cette rencontre tentera d’expliquer les rapports entre le relatif et l’absolu, le temporel et le spirituel… Le soufisme prêche des voies qui transcendent le simple devoir moral ou religieux ; des voies de la foi qui invitent l’homme à vivre l’intime expérience de la présence divine afin d’atteindre l’équilibre entre le corps et l’esprit pour s’épanouir grâce au cheminement de la sagesse, de la connaissance, de l’amour et tant d’autres valeurs transmises de génération en génération au sein de la perpétuelle tradition soufie. Ainsi, le soufisme prône la voie du juste milieu entre le modèle religieux en société, incarnant les valeurs morales dans tous les domaines de la vie sociale et spirituelle. Il reflète la vérité absolue à travers la connaissance ésotérique dans une parfaite communion avec les signes et les subtilités de l’univers. Il existe un lien très fort entre l’ésotérisme de la tarîqa et l’exotérisme de la medersa ou la doctrine religieuse (madhab), voire un lieu de ressourcement : c’est celui d’al Kitab (Le Saint Coran) et de la Sunna
(la Tradition du prophète).Les Tlémceniens pourront également redécouvrir les penseurs et savants de la cité qui a su préserver un très riche patrimoine matériel et immatériel jusqu’à nos jours, et ce, malgré l’impitoyable conquête coloniale française. D’éminents savants et penseurs ont foulé le sol de Tlemcen et y ont laissé leurs empreintes dans d’innombrables écoles, mosquées, médersa, édifiés pour la diffusion du savoir et de la science, produisant ainsi plusieurs précieux ouvrages dans tous les domaines, de la vie sociale, politique et culturelle de la région. Parmi les savants et autres philosophes, théologiens et historiens, l’on cite El Okbani, Ibn Marzouk, cheikh Senouci, El Meghili, Ibn Zaghou...Au final, «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011» sera un livre ouvert sur l’histoire de cette ville et ses artisans et permettra à la cité de reconquérir son titre de «ville d’art et d’histoire».
Amira Bensabeur La Tribune