2011-02-10
Quand pédagogue rime avec mélomane...
L’occasion nous est donnée aujourd’hui de découvrir (ou redécouvrir) un ouvrage publié à titre posthume en hommage à un grand nom de la ville de Tlemcen.
«Pour nos enfants qui y sont nés, pour nos amis qui désirent mieux la connaître, pour nous qui la chérissons, voici, dans un écrin de verdure, un joyau qui brille de mille feux, voici Tlemcen.» C’est la belle préface que nous a laissée un grand homme qui mérite qu’on se souvienne de lui aujourd’hui.
A l’approche de l’ouverture de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011» et à l’annonce des nombreux et prestigieux projets qui ont été élaborés en marge de ce rendez-vous, l’occasion nous est donnée, aujourd’hui, de découvrir (ou redécouvrir) un ouvrage publié à titre posthume en hommage à un grand nom de la ville de Tlemcen, Djelloul Benkalfate, qui n’est plus de ce monde, mais dont le souvenir et les traces laissés resteront éternels.
Né en 1903 dans le vieux quartier de Sidi el Ouzène, Djelloul Benkalfate poursuit des études à l’Ecole normale de Bouzaréah, décroche son diplôme en 1924 et enseigne à Ghazaouet, puis à Tlemcen, à partir de 1930. Il a fait partie de la deuxième génération d’instituteurs indigènes et s’est beaucoup impliqué pour défendre leur cause.
Syndicaliste militant, fort épris de sa profession, grand défenseur du peuple, il crée avec l’aide de la municipalité socialiste de Tlemcen, et à sa tête Raymond Blanc, un avocat, l’Université populaire (UP) qu’il dirigera de 1952 à 1962. Grâce à cette initiative, beaucoup d’exclus du système scolaire ou d’autres, n’ayant pas pu poursuivre leurs études, pour une raison ou une autre, ont pu ainsi décrocher leur Bac.
Très proche du petit peuple de Tlemcen, épris de justice, défenseur de l’égalité et du droit pour tous, imprégné de dignité, jaloux de sa liberté et fervent opposant à la politique coloniale de l’époque, il fut membre actif dans de nombreuses organisations qui oeuvraient pour les droits de l’homme, la démocratie et la justice.
Une activité militante débordante qui lui valut le titre de «Chevalier de la légion d’honneur» signée de la main du président Vincent Auriol. Assoiffé de savoir et mordu de découvertes, il faisait de ses nombreux voyages effectués à Paris, Rome, Istanbul ou ailleurs, matière à enseigner et occasion de discussions et d’échanges. Pour lui, la culture était un droit et son enseignement un devoir.
Selon lui, rien n’empêche de joindre l’utile à l’agréable en agrémentant ses cours de petits moments de drôlerie ou de distraction pour intéresser l’élève et le passionner au lieu de l’ennuyer. Il avait une pédagogie propre à lui qui aurait sans doute fait son effet aujourd’hui, si on lui avait donné l’occasion de former d’autres générations qui lui auraient succédé.
Il disait souvent «l’absence de culture est une infirmité et je plains ceux qui ne savent pas lire». Il prit une retraite «forcée» en 1967, lui qui avait encore tant de choses à enseigner. Mais malgré cela, il l’utilisa à bon escient et se tourna vers son autre passion: la musique classique andalouse. Il crée en 1964, avec d’autres amis mélomanes dont Sid Ahmed Triqui, Ahmed Benosmane, Mustapha Belkhodja et d’autres, une société de musique du nom de «Gharnata» qu’il présida de 1964 à 1989. Durant cette belle période, une troupe musicale fut formée, des conférences données, des cours dispensés, des soirées organisées; la société de musique oeuvra dans le but de faire découvrir, apprécier et transmettre ce bel héritage culturel tlemcénien qu’est la musique andalouse. Les jeunes d’aujourd’hui n’ont certes, pas connu ce grand homme qu’était Si Djelloul Benkalfate (décédé le 19 novembre 1989), mais à la lumière de la lecture de ce livre-mémoire qui regroupe ses poèmes, ses écrits, ses mémoires, des hommages et des souvenirs, ils auront l’occasion de découvrir l’enseignant et de connaître l’homme. Ils auront l’impression d’avoir côtoyé de près ce digne fils de la ville de Tlemcen, de s’être imprégnés de sa culture, de sa sagesse et de cette grandeur d’âme nommée humilité...
Il était une fois Tlemcen...récit d’une vie, récit d’une ville de Djelloul Benkalfate, Ed. Ibn Khaldoun, Tlemcen 2002.
L’occasion nous est donnée aujourd’hui de découvrir (ou redécouvrir) un ouvrage publié à titre posthume en hommage à un grand nom de la ville de Tlemcen.
«Pour nos enfants qui y sont nés, pour nos amis qui désirent mieux la connaître, pour nous qui la chérissons, voici, dans un écrin de verdure, un joyau qui brille de mille feux, voici Tlemcen.» C’est la belle préface que nous a laissée un grand homme qui mérite qu’on se souvienne de lui aujourd’hui.
A l’approche de l’ouverture de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011» et à l’annonce des nombreux et prestigieux projets qui ont été élaborés en marge de ce rendez-vous, l’occasion nous est donnée, aujourd’hui, de découvrir (ou redécouvrir) un ouvrage publié à titre posthume en hommage à un grand nom de la ville de Tlemcen, Djelloul Benkalfate, qui n’est plus de ce monde, mais dont le souvenir et les traces laissés resteront éternels.
Né en 1903 dans le vieux quartier de Sidi el Ouzène, Djelloul Benkalfate poursuit des études à l’Ecole normale de Bouzaréah, décroche son diplôme en 1924 et enseigne à Ghazaouet, puis à Tlemcen, à partir de 1930. Il a fait partie de la deuxième génération d’instituteurs indigènes et s’est beaucoup impliqué pour défendre leur cause.
Syndicaliste militant, fort épris de sa profession, grand défenseur du peuple, il crée avec l’aide de la municipalité socialiste de Tlemcen, et à sa tête Raymond Blanc, un avocat, l’Université populaire (UP) qu’il dirigera de 1952 à 1962. Grâce à cette initiative, beaucoup d’exclus du système scolaire ou d’autres, n’ayant pas pu poursuivre leurs études, pour une raison ou une autre, ont pu ainsi décrocher leur Bac.
Très proche du petit peuple de Tlemcen, épris de justice, défenseur de l’égalité et du droit pour tous, imprégné de dignité, jaloux de sa liberté et fervent opposant à la politique coloniale de l’époque, il fut membre actif dans de nombreuses organisations qui oeuvraient pour les droits de l’homme, la démocratie et la justice.
Une activité militante débordante qui lui valut le titre de «Chevalier de la légion d’honneur» signée de la main du président Vincent Auriol. Assoiffé de savoir et mordu de découvertes, il faisait de ses nombreux voyages effectués à Paris, Rome, Istanbul ou ailleurs, matière à enseigner et occasion de discussions et d’échanges. Pour lui, la culture était un droit et son enseignement un devoir.
Selon lui, rien n’empêche de joindre l’utile à l’agréable en agrémentant ses cours de petits moments de drôlerie ou de distraction pour intéresser l’élève et le passionner au lieu de l’ennuyer. Il avait une pédagogie propre à lui qui aurait sans doute fait son effet aujourd’hui, si on lui avait donné l’occasion de former d’autres générations qui lui auraient succédé.
Il disait souvent «l’absence de culture est une infirmité et je plains ceux qui ne savent pas lire». Il prit une retraite «forcée» en 1967, lui qui avait encore tant de choses à enseigner. Mais malgré cela, il l’utilisa à bon escient et se tourna vers son autre passion: la musique classique andalouse. Il crée en 1964, avec d’autres amis mélomanes dont Sid Ahmed Triqui, Ahmed Benosmane, Mustapha Belkhodja et d’autres, une société de musique du nom de «Gharnata» qu’il présida de 1964 à 1989. Durant cette belle période, une troupe musicale fut formée, des conférences données, des cours dispensés, des soirées organisées; la société de musique oeuvra dans le but de faire découvrir, apprécier et transmettre ce bel héritage culturel tlemcénien qu’est la musique andalouse. Les jeunes d’aujourd’hui n’ont certes, pas connu ce grand homme qu’était Si Djelloul Benkalfate (décédé le 19 novembre 1989), mais à la lumière de la lecture de ce livre-mémoire qui regroupe ses poèmes, ses écrits, ses mémoires, des hommages et des souvenirs, ils auront l’occasion de découvrir l’enseignant et de connaître l’homme. Ils auront l’impression d’avoir côtoyé de près ce digne fils de la ville de Tlemcen, de s’être imprégnés de sa culture, de sa sagesse et de cette grandeur d’âme nommée humilité...
Il était une fois Tlemcen...récit d’une vie, récit d’une ville de Djelloul Benkalfate, Ed. Ibn Khaldoun, Tlemcen 2002.
Samira BENDRIS lexpression